Carhaix - Pêche. Les filles mordent à l'hameçon

Carhaix - Pêche.

Les filles mordent à l'hameçon

Pêche. Les filles mordent à l'hameçon.
Noémie, mordue de pêche!

La pêche, un loisir masculin? Le cliché a la dent dure mais semble plutôt dater: cette saison, la Gaule carhaisienne fait face à une forte demande d'adhésion de la gent féminine. Tentative d'explication, avec trois jeunes pêcheuses.

Mercredi soir, quelque part sur les bords du canal (l'endroit est, bien entendu, secret), les filles ne passent pas inaperçues. Bob en jean de rigueur, bottes à fleurs et chaises pliables des années soixante, non, elles ne sont pas retraitées. «Working girls» à la mode carhaisienne, 25 ans de moyenne, gaule sous le bras, Julie, Noémie et Léna s'en vont taquiner le goujon. Et ne passent pas tout à fait inaperçues. «On a commencé l'année dernière, en juin», entame Julie. «Après une journée de boulot bien raide, je me suis dit: "Allez, on va dehors, se vider la tête". On est parties, avec Noémie, acheter un kit tout équipé, 20€ à peine, et on s'est lancées». Jusqu'à la fin juillet, le duo s'installe en bord de rivière deux fois par semaine. Résultat: pas une prise. «En même temps, on parle tellement qu'on ne risque pas d'attraper quoi que ce soit», s'esclaffe Léna, qui a rejoint l'équipée la semaine dernière. «J'allais pêcher avec ma grand-mère quand j'étais petite. Je me suis dit que ce serait sympa de m'y remettre, avec les copines cette fois». Et du coup, c'est sa grand-mère qui a envie de s'y remettre.

«Plutôt que l'esthéticienne, la pêche»

Le trio multiplie les lancers. Les hameçons plongent, mais ça ne mord pas. «On a quand même pris un gros gardon la semaine dernière», annonce fièrement Noémie. Avant de préciser: «On l'a immédiatement remis à l'eau». Pour elle, l'éventuelle prise n'est pas l'essentiel: «Le fait d'être en pleine nature, au calme est plus que relaxant. Certaines vont chez l'esthéticienne, moi je vais à la pêche», avoue-t-elle, amusée. La discussion glisse inévitablement sur la féminité, les stéréotypes des jolies filles qui ont peur de se salir. «Nous, on n'hésite pas à plonger les mains dans la terre pour aller chercher nos vers, et ensuite à les accrocher à nos hameçons! Et ça n'altère en rien notre féminité», coupe Noémie.

«Les anciens nous conseillent»


N'est-ce pas un loisir d'un autre temps? «Sûrement pas», rétorque le trio. Qui évoque pêle-mêle le rapport à la nature, l'aspect peu coûteux ou sportif de leur loisir. «Chaque fois que je dis que je vais à la pêche, tout le monde veut venir avec moi, et surtout des filles», avance Noémie. Un sexagénaire, autrement équipé que notre trio, salue l'équipe d'un franc sourire, sans malice ni moquerie. «On a rencontré des pêcheurs expérimentés, qui nous ont donné pas mal de conseils, tant sur la technique que sur les bons coins», apprécient-elles. «Voir trois filles de 25 ans, pas très douées, forcément ça les fait rire. Mais je pense que ça leur fait aussi plaisir, dans un sens, de voir qu'un nouveau public partage leur passion. Et on sent qu'ils ont vraiment envie qu'on arrive à pêcher quelque chose». Ça ne saurait tarder. Forcément moqueur, des copains ont parié un restau, avec elles, qu'elles seraient incapables de ramener chacune un poisson comestible avant le 4 août. Foi de pêcheuse, elles gagneront le pari. «Mais ce seront les gars qui tueront les poissons».


http://www.letelegramme.com/local/finistere-sud/chateaulin-carhaix/carhaix/peche-les-filles-mordent-a-l-hamecon-20-05-2011-1307698.php